Jean Marie, patenôtrier breton meurt dans un village du Morvan.

Le patenôtrier est un fabricant de chapelets. Le chapelet a été inventé par les Cisterciens au XIIème siècle pour aider les frères et sœurs convers illettrés à réciter leurs prières, pendant que les moines récitaient les psaumes. Il fut, ensuite, sorti des monastères au XVème siècle sous l’impulsion d’un dominicain breton, le père Alain de La Roche, qui prêcha dans toute l’Europe du Nord.  

Fabrication des perles au tour à bois

Le métier de patenôtrier qui existait depuis le Moyen Age était organisé en corporations selon les matériaux utilisés (os et corne, corail et nacre, ambre mais aussi émail et argent). Les maîtres patenôtriers avaient des apprentis qui passaient entre 5 et 12 ans à apprendre leur métier. Au XIIIème siècle avaient même été rédigés les Statuts et règlements des patenôtriers. C’est ainsi qu’ils devaient cesser le travail les samedis et les veilles des fêtes religieuses.

Le métier s’était principalement développé près des sites religieux. Ainsi, à Saumur, au XVIIème siècle, 1500 patenôtriers sont recensés suite aux miracles attribués à une statue de la Vierge dans la ville et aux pèlerinages qui y sont organisés depuis le XVIème siècle. A Ambert, en 1950, 1500 ouvriers étaient encore employés dans l’usine locale. Mais la fabrication de chapelets était aussi une occupation hivernale pour les femmes et les enfants.

Au hasard de mes recherches dans les registres de Villapourçon (Nièvre) je suis tombée sur un acte inhabituel.  Il relate le décès le 20/8/1846 de Jean Marie Conin, 47 ans, indigent et fabricant de chapelets, sans domicile fixe, né à Cohiniac, département des Côtes-du-Nord, au domicile de Marie Clément.

Acte de décès de Jean Marie AD Nièvre 5 Mi 13 606

Après vérification aux Archives Départementales des Côtes-d’Armor, j’ai retrouvé, à Cohiniac, la naissance de Jean Marie Conan le 8/2/1798 ou plutôt le 20 pluviôse de l’An 6.

Acte de naissance de Jean Marie AD Côtes-d’Armor

Il est le sixième et dernier enfant de François Conan ou Conen (selon les actes) et de Marguerite La Roche. Jacques Marie, son frère âgé de 18 ans, est l’un des deux témoins de cette naissance.

François Conan, le père de famille  décède le 1^er juin 1802 à Cohiniac, alors que Jean Marie est âgé de 4 ans. Ce décès aurait pu engendrer le déclin de la famille, si Jacques Marie, son frère âgé de 22 ans, n’avait pu aider leur mère dans les travaux des champs.

Quels évènements dans la vie de Jean Marie le pousseront sur les routes, loin de sa Bretagne natale, nul ne le saura sans doute jamais. Tous ses autres frères et sœurs, sauf François Charles l’aîné mort à l’âge de 10 ans, sont restés à Cohiniac ou dans les villages alentours jusqu’à leur décès.

A-t-il été enrôlé dans l’armée puis rendu à la vie civile trop tard pour envisager un retour à Cohiniac  afin d’y fonder une famille ? Je n’en ai, actuellement, pas trouvé la trace.

Qui était cette Marie Clément chez qui il est décédé ? L’absence de recensement à cette époque empêche de le découvrir.

La généalogie ne permet pas de tout découvrir sur les parcours de vie. Certains mystères demeurent et laissent la place à de nombreuses questions et au développement de notre imagination.