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du Morvan et d'Artense

blog de généalogie

Une Morvandelle à New York

Marie Plantard est la deuxième fille vivante de Lazare Plantard et Pierrette Martin. Elle est née le 27 novembre 1876 à L’Haut de l’Arche, un hameau de Villapourçon dans le Morvan.

Une Morvandelle à New York

La famille a quitté Villapourçon pour Larochemillay, commune voisine. C’est là que sont nés les 2 frères de Marie, Lazare en 1879 et Pierre en 1884. C’est là qu’est mort, en 1883, son frère Jean Marie à l’âge de 11 ans.

En 1887, Marie a 10 ans quand sa mère décède après avoir mis au monde un enfant mort-né. Sa sœur ainée, Annette Francine est déjà placée comme domestique chez une famille du village. 

En 1891, suite à ce drame, la famille est éclatée mais demeure toujours à Larochemillay. Le père Lazare vit avec son fils ainé, Lazare, 12 ans. Pierre le petit dernier, 6 ans, est placé dans une famille. Quant à Marie, à 14 ans, elle travaille déjà comme domestique dans une autre famille du village.

La sœur aînée Francine ne vit plus dans le village ; sans doute est-elle déjà montée à Paris comme domestique. En effet, c’est là où elle demeure en 1893, quand elle accouche d’un fils Marcel, né de père inconnu. Elle est domestique 124 rue Nationale dans le 13ème arrondissement. Marcel est  placé dans une famille à Larochemillay, où il décèdera à l’âge de 22 mois. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de Francine ensuite.

En 1896, la famille est à Glux, village d’origine de Lazare : Marie (19 ans) et son frère Lazare (16 ans) sont domestiques. Pierre (11 ans) est toujours placé. Leur père est scieur de long.

Une Morvandelle à New York

Les scieurs de long, souvent payés à la pièce, débitent les troncs en planches par tous les temps. Ils travaillent  en binôme. Il y a le chevrier, ou singe, en équilibre, souvent pieds nus sur la bille de bois : c’est lui qui guide la scie et la remonte. Le renardier, ou renard, est au sol. Pour éviter de recevoir la sciure dans les yeux il doit porter un chapeau.

En 1901, seuls les hommes sont encore à Glux : Pierre (16 ans)  est domestique, Lazare (21 ans) et son père sont tous les 2 scieurs de long.

Quant à Marie, elle est sûrement montée, elle aussi, à Paris comme domestique grâce au réseau de relations crée par sa mère et/ou sa sœur.

Le 2 novembre 1911, elle est à Liverpool, elle embarque sur Le Baltic. C’est un paquebot transatlantique de 228 mètres de long, construit en 1903. Il peut accueillir 425 passagers de première classe, 450 en deuxième classe et 2000 en troisième classe. 560 personnes travaillent à son bord.

Une Morvandelle à New York

La traversée dure 9 jours, et c’est donc le 11/11/1911 que Marie arrive à NewYork. Elle a alors 34 ans, contrairement à ce qu’elle déclare (29 ans).

Une Morvandelle à New York

Sur la liste des passagers, il est indiqué que Marie est « maid » soit bonne à tout faire. Elle n’est ni « polygame », ni « anarchiste », lit et écrit l’anglais (??), mesure 5 pieds et 2 pouces (soit 1.57m), a les cheveux et yeux bruns. Son employeur, qui a payé le billet  de première classe est également spécifié :

Une Morvandelle à New York

Grâce à ce billet de première classe, Marie va échapper aux longues files d’attente d’Ellis Island et pourra se rendre directement chez son employeur, 11East 26th Street. D’après le plan, c’est un quartier chic, tout près de Madison Square Garden et de Madison Avenue.

Une Morvandelle à New York

Où a-t-elle connu son employeur ? Sûrement à Paris ? Mais quel saut dans l’inconnu ce passage du Morvan à Paris puis de Paris à Liverpool, puis de Liverpool à New York !!!!

En 1915, le 24 septembre, Marie épouse à Manhattan Paul Pichard. Elle a alors 38 ans, lui 34.

Paul est né le 14 septembre 1881 à Noisy Le Sec (77). Il est issu d’une famille d’agriculteurs beaucoup plus aisée que celle de Marie. En effet, à chaque recensement,  la famille demeure avec 6 ou 7 domestiques.

Paul est arrivé aux USA en 1901, à l’âge de 20 ans. Le bateau qui l’a amené est parti de Glasgow. Dès 1903, il manifeste son intention de devenir Américain. Il habite alors à San Francisco (Californie).

Une Morvandelle à New York

En 1910, il fait sa demande de naturalisation. Il demeure à New York, au 121 Lexington Avenue et est « chef steward ». Sa demande est acceptée le 21 février 1911.

Paul effectue de nombreux voyages vers la France. Le 15 mars 1911, il est à Dieppe, pour être le témoin de mariage de son frère Henri. Il est alors « commissaire à bord du yacht Le Viking ».

En 1920, il fait une demande de passeport pour venir en France avec sa femme Marie, demande sur laquelle figurent leurs photos.

Une Morvandelle à New York

Ils habitent alors 315 East 27th Street et vont partir de New York à bord du SS St Paul le 29 mai 1920.

Une Morvandelle à New York

L’année suivante,  le 9 juillet 1921, ils retournent en France à bord du SS Roussillon. Ils reviennent à bord du SS Paris en provenance du Havre le 12 novembre 1921. Sur la demande de passeport, il est noté que Paul a maintenant une moustache

Une Morvandelle à New York
Une Morvandelle à New York
Une Morvandelle à New York
Une Morvandelle à New York

En 1932, leur mariage est retranscrit dans la commune de de Saint-Pierre-Lès-Nemours. C’est là qu’ils reviennent s’installer.

AD 77 Table décennale 1923-1932 p 8

AD 77 Table décennale 1923-1932 p 8

En 1936, Paul et Marie sont domiciliés à Saint-Pierre-lès-Nemours, avenue Carnot.

AD 77 recensement 1936 p2

AD 77 recensement 1936 p2

En 1937,  ils font toutefois au moins 2 allers-retours entre New York et la France.

Le 28 décembre 1945, Marie décède à Saint-Pierre-lès-Nemours, à l’âge de 69 ans. Elle n’a, à priori, jamais eu d’enfant.

En 1946, Paul (64 ans) vit toujours à Saint-Pierre-lès-Nemours.

Blanche Plantard, 33 ans, une des filles de Pierre, le petit frère de Marie, est installé chez lui.

AD 77 recensement 1946 p2

AD 77 recensement 1946 p2

Paul meurt à Nice en 1952.

Marie a eu une vie hors du commun, faite de voyages, de découvertes et de labeur. Elle a d’abord parlé morvandiau, puis français puis anglais.

D’autres membres de la famille suivront son exemple, puisque Marie, une autre fille de son frère Pierre, fera elle aussi le voyage aux USA en 1929 à l’âge de 19 ans. En 1930, elle est domestique dans une famille à Radnor, Delawere, Pennsylvanie. Dans la même famille André Pichard, le petit frère de Paul, est, lui, cuisinier.  

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N
La famille de Paul Pichard n'est sans doute pas beaucoup plus riches que celle de son épouse. Les domestiques trouvés dans les recensement sont des commis de ferme, c'est à dire des salariés de leur exploitation agricole. Pas des servantes de maison.
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J
Tout à fait, mais l’exploitation est plus grande, plus riche et aucun des enfants de la famille n’est placé comme domestique chez les autres contrairement à la famille de Marie. Les exploitations morvandelles étaient plus petites et moins riches que celles de Seine et Marne.
A
Bonjour, <br /> Double intérêt pour moi. L'histoire, passionnante, et la maison, que je ne connaissais que par la carte postale.<br /> Est-ce la maison du Haut de l'Arche citée dans l'article ou une chaumière morvandelle choisie pour illustrer l'article ?<br /> Je fais de mon côté la biographie de Emile Caïus, le photographe qui a réalisé ce cliché, et malheureusement, très peu de ses cartes sont situées. <br /> Pour la petite histoire, son fils Georges l'accompagnait souvent et il me semble le reconnaitre assis sur la barrière, avec son habituelle casquette de collégien. Connaissez vous les autres "modèles" ?<br /> Bien cordialement.<br /> Alain
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J
Hélas, je ne peux vous être d'aucune utilité quant à la localisation de la chaumière, et encore moins dans l'identification des personnages. J'ai juste choisi cette carte car elle me paraissait être représentative des conditions de vie du Morvan à cette époque. <br /> Emile Caius était-il spécialisé dans le Morvan ou a-t-il également photographié d'autres régions de France? Etes-vous un de ses descendants? Pensez-vous écrire un livre ou avez-vous un blog?
D
Bonjour,<br /> Article passionnant !<br /> Du côté de mon épouse, une de ses grand-tante monta à paris dans les années 20, elle conduisait, fumait et dansait pour Maurice Chevalier. Elle était née à Limanton dans une famille de laboureur.<br /> Bien cordialement
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J
Vous devriez écrire son histoire, car vous avez des éléments. Moi je ne connaissais pas cette branche de la famille, j’ai tout trouvé sur internet.